Postulat n° 118 - Rapport final du Conseil communal

Résumé du postulat

 "Afin de promouvoir adéquatement les compétences des groupes et des individus, d'intégrer des personnes d'origines différentes et de valoriser leurs différences, les offres des centres socioculturels doivent être accessibles aux différents groupes de population, notamment du point de vue linguistique, ce qui signifie que les barrières linguistiques doivent être minimisées. Cet objectif nécessite des compétences linguistiques de la part des animateurs-trices, ainsi qu'une communication bi- et plurilingue pour et lors des activités des centres.

Ce postulat demande au Conseil communal d'évaluer les prestations des centres socioculturels sous l'angle des compétences linguistiques et de promouvoir le renforcement des offres plurilingues, par des mesures d'encouragement".

Réponse du Conseil communal

Compétences linguistiques des animateurs-trices socioculturel-le-s
et accessibilité

L’association REPER, qui gère sur mandat de la Ville les centres d’animation socioculturelle (CAS), est attentive à créer des équipes qui sont en mesure d'entrer en contact avec les usagers-ères dans différentes langues. Ainsi, actuellement, les animateurs-trices peuvent tenir une conversation en français, allemand, italien, espagnol, anglais et lingala. Un effort particulier est fourni lors de nouveaux engagements pour renforcer le bilinguisme français/allemand. Les annonces pour les postes vacants sont publiées en allemand sur des sites spécialisés qui couvrent également la Suisse alémanique. Cependant, REPER ne reçoit que très peu de postulations d'animateurs-trices germanophones formés-es.

 Au vue de l’importante fréquentation des CAS, qui peut aller jusqu’à 100 passages d’enfants et de jeunes par jour d’ouverture des centres au Schoenberg et au Jura, dont la majeure partie n'est pas de langue maternelle allemande ou française, la langue ne semble toutefois pas être une barrière et l’accessibilité est largement garantie. 

Communication bi- / plurilingue du programme

Les centres d’animation socioculturelle n’ont pour l’instant traduit que partiellement leur programme en allemand. Seuls quelques titres des activités et quelques descriptions sont traduits. Cependant, l’objectif est de présenter prochainement un programme d'activités entièrement bilingue français/allemand.

La publication d’un programme plurilingue n’est, quant à elle, pas prévue. En effet, cette mesure ne semble pas répondre à un besoin prioritaire des utilisateurs-trices car, une fois que les enfants et les jeunes connaissent les centres, ils se renseignent en général directement sur place au sujet des activités. Afin de faire connaître les centres, les programmes sont distribués dans les écoles, ce qui donne ainsi l’occasion aux élèves qui n’auraient pas compris de quoi il s’agit de demander des explications à leurs enseignants-tes ou camarades et, par la même occasion, d’apprendre de nouveaux mots dans une des langues officielles. 

Par ailleurs, depuis 2019, les centres d’animation du Schoenberg et du Jura, les deux quartiers de la ville où la proportion de population migrante est la plus élevée, ont mis sur pied des Points info-quartier. Il s’agit d’un projet spécifique qui s’adresse principalement aux nouveaux habitants des quartiers et qui permet de leur fournir des informations sur tous les sujets qui les intéressent. Cette offre attire un public adulte et permet également d’expliquer les activités des centres de vive voix, dans différentes langues ou avec un langage simple. 

Activités des centre 

Les activités proposées dans les centres ne nécessitent pas, pour la plupart, des connaissances approfondies d’une des langues officielles, puisqu’il s’agit souvent d’activités manuelles ou physiques.

Cependant, comme mentionné plus haut, les animateurs-trices socioculturels-les sont capables de tenir une conversation dans plusieurs langues, ce qui permet de développer les liens avec les usagers-ères qui ne parlent pas encore ou peu une des langues officielles. Beaucoup d’activités sont par ailleurs proposées et élaborées par les usagers-ères eux/elles-mêmes, ce qui permet d’atteindre les objectifs qui visent à "promouvoir les compétences des groupes et des individus, intégrer des personnes d’origines différentes et valoriser leurs différences".

Proposer des activités dans une langue non officielle excluerait de fait les personnes qui ne la maîtrisent pas et serait contre-productif du point de vue de l’intégration. Le fait de proposer des activités dans une langue officielle permet aussi de renforcer son apprentissage.

Programmes spécifiques de valorisation interculturelle 

Des programmes spécifiques de valorisation culturelle et interculturelle complètent les activités courantes des centres d’animation. 

Culture de quartier, interculturalité et citoyenneté 

Ainsi, le secteur de la Cohésion sociale a mandaté l’Observatoire de la diversité, en partenariat avec les centres d’animation, pour y développer un programme visant à promouvoir l’interculturalité et la citoyenneté: "Culture de quartier, interculturalité et citoyenneté" (2016-2020). 

Soutenu également par le Bureau cantonal pour l’intégration des migrants et des migrantes et la prévention du racisme, ainsi que par la Commission fédérale des migrations, ce programme se focalise sur les ressources de l’interculturalité, qui est comprise comme la meilleure valorisation possible des différentes formes de diversité culturelle, non seulement par les origines, mais aussi par les histoires personnelles, les compétences et les métiers. 

Centré sur les ressources des personnes au sein des cultures de quartier, le projet se développe au sein de deux centres d’animation socioculturelle (Jura et Schoenberg), ainsi qu’avec les diverses associations partenaires. Il réunit les jeunes, les parents, les animateurs-trices socioculturels-les et d’autres professionnels. Par des débats, des tables rondes et l’élaboration de documents, le projet développe une large participation. 

Les objectifs de ce programme sont les suivants:

  • les éducateurs-trices co-construisent des activités interculturelles, se les approprient et peuvent ainsi enrichir leur pratique, y compris après la fin du programme;
  • les jeunes participent à des activités par le croisement des connaissances sur les parcours individuels de migrations et sur l’histoire contemporaine des différents pays de provenance et développent des repères pour vivre leur identité;
  • des parents, d’origine migrante ou non, participent à des rencontres sur l’interculturalité et sur la transmission intergénérationnelle et développent leur capacité d’interaction. 

Concrètement, les jeunes, les éducateurs-trices et les adultes qui participent à ces activités, développent la conscience de l’importance de leurs ressources culturelles et de la nécessité de mieux les connaître, notamment en les croisant avec celle d’autres personnes venant d’autres milieux. Ils développent ainsi des chemins pour mieux agir ensemble au sein des quartiers et de la cité, en y apportant cette conscience citoyenne de l’interculturalité. 

Les jeunes développent l’ouverture à la diversité en même temps que la fierté de leurs propres origines, y compris lorsqu’elles sont liées à des pays en grande difficulté. 

Les éducateurs-trices développent cette dimension des droits culturels dans leurs activités pédagogiques, favorisant aussi l’interaction avec les parents et d’autres adultes. 

Les parents échangent sur les questions liées à l’intégration et à la transmission intergénérationnelle et apprennent les uns des autres. 

Encore! des Histoires! au Schoenberg 

Le programme "Paysage éducatif – Schoenberg" soutien quant à lui depuis 2015 le projet Encore! des Histoires! développé par la bibliothèque interculturelle LivrEchange. Ce dernier permet aux enfants et parents du quartier du Schoenberg d’emprunter des livres dans leur langue maternelle, directement dans leur quartier. Les activités proposées sont animées par des "Passeuses d’histoires". Ces dernières, issues de la migration, ajoutent au français et à l’allemand leur culture et leur langue, à savoir le portugais, l’albanais, le turc, l’arabe, le tigrinya et le somali. Elles résident dans le quartier et ont acquis, au fil des années, un statut de personne de référence à qui l’on peut s’adresser, même en dehors de l’activité.

Les activités sont libres et sans inscription. Au gré des arrivées des participants-tes, de leur âge et de leurs envies, des moments de lecture dans la langue de leur choix, des contes ou pour les plus jeunes des comptines ou des chants sont partagés. Le service du prêt de livres est ouvert pendant tout le temps d’animation. 

Les objectifs visés par ce projet sont les suivants:

  • stimuler l’envie de lire/écouter des histoires et encourager les enfants à emprunter des livres directement depuis l’activité;
  • sensibiliser les enfants à la diversité des langues et cultures;
  • valoriser la transmission de la langue et culture d’origine;
  • favoriser la rencontre des enfants et de leurs proches dans un espace d’accueil facilitant la création ou le renforcement de liens;
  • favoriser l’égalité des chances dans le cadre scolaire en soutenant l’école et les familles dans la promotion de la lecture. 

Des collaborations ont été mises en place avec le centre d’animation du Schoenberg et "le Ver solidaire" pour bénéficier de l’accès à des lieux de repli en cas de pluie. La collaboration avec l’association "Les cours de langues pour migrantes avec garderie au Schoenberg" permet quant à elle, d’une part, de promouvoir l’activité directement auprès du public cible et, d’autre part, elle donne accès à des "lectures à voix haute" dans les langues maternelles des enfants et permet aux mamans d’avoir accès à des livres dans leur langue maternelle.

Il est prévu d’étendre cette activité dans le quartier du Jura-Torry-Miséricorde.

Il convient par ailleurs de relever le fait que les centres d’animation socioculturelle mettent à disposition leurs locaux, selon les conditions établies dans la convention qui les lie à la Ville. Cette offre permet aux associations, communautés et particuliers d’y proposer diverses activités qui permettent de répondre aux besoins et envies des habitants-tes. 

Conclusion 

La communication bilingue du programme d’activités des centres d’animation socioculturelle sera améliorée. Une communication plurilingue de ce dernier ne semble cependant pas nécessaire.

Les compétences linguistiques des équipes des centres sont variées. Une attention particulière est portée sur l’engagement de personnes maîtrisant l’allemand dans les quartiers où les enfants et les jeunes sont scolarisés en allemand.

Les activités courantes proposées dans les centres sont facilement accessibles à toutes et à tous; le fait qu’elles se déroulent dans une langue officielle permet d’y intégrer tous-tes les usagers-ères.

Des programmes spécifiques et la mise à disposition des locaux permettent de valoriser encore davantage l’interculturalité, les potentiels et les différences de chacun-e. 

Compte tenu de ce qui précède, le Conseil communal estime que les compétences linguistiques des animateurs-trices socioculturels-les, la communication autour des activités ainsi que la variété des activités sont pleinement satisfaisantes.

Le postulat n° 118 est ainsi liquidé.