Postulat n° 66 - Demande d'étudier la possibilité d’intégrer les seniors dans les projets d’aménagement urbains et dans la politique de mobilité douce

V. Kohler (Le Centre/PVL), A. T. Fontes Martins (Le Centre/PVL), J.-T. Vacher (Le Centre/PVL), A. Butty Revaz (Le Centre/PVL), C. Sautaux (Le Centre/PVL), M.-C. Rey-Baeriswyl (CG-PCS), B. Noll (Vert·e·s), M. Vonlanthen (PS), O. Gex (PLR), P. Wicht (UDC) 

Développement du postulat

Les auteurs du postulat demandent au Conseil communal d’étudier l’intégration et l’adéquation entre le concept Senior+, les projets d’aménagement et la politique de mobilité douce en ville de Fribourg.

Suite à l’entrée en vigueur de la Loi cantonale sur les seniors (LSen; RSF 10.3) au 1er juillet 2016, la Ville a adopté le concept Senior+ avec des mesures visant les objectifs suivants:

  • intégration des seniors dans la société (→ participation des seniors, compréhension et solidarité entre générations);
  • reconnaissance de leurs besoins et de leurs compétences (→ qualité de vie, qualité et coordination des prestations de soins, transfert de compétences);
  • maintien de leur autonomie (→ sécurité et accessibilité de l’habitat, environnement et services).

Pour rappel, les objectifs du concept Senior+ visent à garantir l’autonomie des personnes de plus de 65 ans dans le respect et la dignité.

Dans la continuité du Réseau suisse des villes-amies des aînés dans laquelle la Ville de Fribourg s’inscrit (cf. réponse au postulat n°105, 2016-2021, cf. réponse au postulat n° 100, 2016-2021) et outre les activités du Réseau Santé de la Sarine, très engagé sur la question (mandat pour renforcer la collaboration avec les EMS, mandat avec la Haute École de travail social HETS-FR pour une politique communale des seniors collaboration avec le service de la prévoyance sociale), la Ville a entamé une politique de mobilité douce très active. Dans ce cadre, les personnes âgées doivent pouvoir participer à cette évolution de la mobilité douce et s’intégrer facilement dans les objectifs du développement durable. Les seniors devraient ainsi pouvoir se déplacer aisément en ville avec des aménagements adaptés et un cheminement pédestre/piétonnier intégrant ces éléments de préoccupation (trottoirs adaptés, zones en pente ou en pavés sécurisés pour les marcheurs, obstacles à éviter, etc.), des zones de repos (bancs adaptés) et un réseau cyclable sécurisé entre piétons et cyclistes par un aménagement adéquat, harmonieux et adapté aux besoins de toutes les générations, notamment des plus vulnérables.

Ce postulat s’inscrit donc avec force dans l’objectif n° 11 de la stratégie pour le développement durable de l’Agenda 2030, soit "d’ici 2030, d’assurer l’accès de tous à des systèmes de transport sûrs, accessibles et viables, à un coût abordable, en améliorant la sécurité routière, notamment en développant les transports publics, une attention particulière devant être accordée aux besoins des personnes en situation vulnérable, des femmes, des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées" (objectif 11.2 sur les Villes et communautés durables).

Les points 7.3, 7.4 et 7.5 du rapport "concept Senior+" de la Direction de la santé et des affaires sociales de 2015, prolongé en 2021 jusqu’en 2023, comporte un risque d’entrer en collision avec le nécessaire renforcement de la politique de mobilité douce en ville. Bien que nous appréciions les efforts de mise en œuvre de cette politique, nous appelons à une politique de mobilité plus harmonieuse, plus large et plus adaptée aux besoins des usagers de la route les plus vulnérables (personnes âgées, personnes à mobilité réduite, enfants). Cette mise en application n’est pour l’heure pas garantie sur le terrain, et dans les faits, les réactions de mécontentement sur la coordination entre piétons, cyclistes et conducteurs ne favorisent en aucun cas les objectifs des mesures de Senior+.

Pour rappel, le point 7.3 sur les Enjeux du concept Senior+ établit, à la page 21, que: "Les interventions des pouvoirs publics doivent permettre aux senior-e-s et aux personnes à mobilité réduite de rester autonomes et de pouvoir accéder aux infrastructures ouvertes au public. Elles permettront également aux senior-e-s de disposer d’une offre d’habitat, de transports et de services adaptée à leurs besoins. Les proches (famille, voisins) seront moins sollicité-e-s en raison d’un manque d’autonomie des senior.e.s. L’accessibilité des infrastructures ouvertes au public et un habitat adapté aux besoins des senior-e-s profiteront aussi à d’autres franges de la population, telles que les personnes en situation de handicap ou les familles. Le développement d’un habitat et d’espaces favorisant la solidarité intergénérationnelle sera bénéfique finalement pour l’ensemble de la société".

Les chiffres officiels donnent en 2020 plus de 106'000 habitants dans le district de la Sarine avec une projection à 116'000 personnes à 2030 et plus de 126'000 à l’horizon 2050. Selon le RSS, l’augmentation du nombre de personnes âgées de plus de 80 ans dans le district est exponentielle et passera d’environ 4’500 en 2020 à plus de 7’100 en 2030 et donc à plus de 10'000 avant 2050. Sur les 37'775 habitants de la ville recensés en 2022 (statistiques de la Ville de Fribourg), la tranche d’âge majoritaire, celle de la population active aujourd’hui (25-65 ans), sera celle des plus de 65 ans dans vingt ans et plus (cf. Plan financier 2022-2026, pages12-13).

La cohabitation et l’intégration de toutes les générations en ville doivent se faire en bonne intelligence. Divers efforts de promotion de la mobilité douce sont actuellement en cours dans notre ville, ce que nous saluons. Afin d'éviter les insatisfactions entre les différents usagers de la route et afin de répondre aux besoins de la population âgée en particulier, nous demandons qu'à l'avenir les objectifs de Senior+ soient mieux pris en compte dans la planification. Nous demandons ainsi au Conseil communal d’entreprendre une étude afin de:

  1. faire une analyse globale des besoins en termes d’aménagement et de mobilité douce des seniors (personnes en situation de handicap) en ville de Fribourg, sur la base d’une enquête ou d'une récolte de données postales des plus de 65 ans dans une approche inclusive et participative;
  2. sur cette base et dans l’optique de Senior+, d’identifier les aménagements et les logiques de la mobilité douce existants et à prévoir par quartier;
  3. solliciter les services communaux et les collectifs d’intérêts (ATE, Pro Infirmis, Pro Senectute, etc.) afin de proposer et mettre en œuvre des mesures utiles dans chaque quartier et globalement pour la ville pour répondre aux objectifs de Senior+ et aux besoins mis en lumière par l’analyse.

Fribourg, le 29 juin 2022